Édito : De la découverte du virus à la démocratie en santé

Co-découvreur en 1983 du virus VIH, en lien avec une équipe de l’Institut Pasteur, qui se partagera beaucoup plus tard plus le prix Nobel auquel il ne fut pas associé ; clinicien et chercheur renommé, il contribue aux premières descriptions cliniques de la maladie ; pionnier dés les premiers jours de la lutte contre le VIH, il entraîne à sa suite, dans un prototype spontané de « réseau ville-hôpital », une poignée de praticiens, initialement libéraux puis hospitaliers, dont je fus pour quelque temps ; ancien Président, pendant de nombreuses années, du Conseil National du Sida et actuel Président du COREVIH Ile-de-France Est : le Pr Willy Rozenbaum est pour nous tous un symbole de la lutte contre le VIH/Sida et un témoin historique incontournable.

Co-découvreur en 1983 du virus VIH, en lien avec une équipe de l’Institut Pasteur, qui se partagera beaucoup plus tard plus le prix Nobel auquel il ne fut pas associé ; clinicien et chercheur renommé, il contribue aux premières descriptions cliniques de la maladie ; pionnier dés les premiers jours de la lutte contre le VIH, il entraîne à sa suite, dans un prototype spontané de « réseau ville-hôpital », une poignée de praticiens, initialement libéraux puis hospitaliers, dont je fus pour quelque temps ; ancien Président, pendant de nombreuses années, du Conseil National du Sida et actuel Président du COREVIH Ile-de-France Est : le Pr Willy Rozenbaum est pour nous tous un symbole de la lutte contre le VIH/Sida et un témoin historique incontournable.

La lutte contre l’épidémie cachée

Toujours impliqué dans la prise en charge des patients à l’Hôpital Saint-Louis (AP-HP), mais aussi, et aujourd’hui surtout, dans la santé publique : il décrit ici l’importance de la coordination territoriale de la lutte contre le VIH, notamment pour tenter de réduire ce que l’on désigne aujourd’hui par le terme consacré d’« épidémie cachée », mais plutôt non diagnostiquée.

Environ 25 000 personnes en France – dont 10 000 pour la seule Ile-de-France – ignorent leur statut sérologique et constituent sans le savoir le moteur de l’épidémie. Plus de 6 000 nouvelles contaminations chaque année : à peu prés pour moitié constituées de personnes nées à l’étranger, principalement des hommes originaires du sud du Sahara (dont nombre sont infectés en France), et pour l’autre moitié d’hommes ayant des relations avec d’autres hommes. Ces deux groupes représentent les deux principales « populations-clé » de l’épidémie française, en particulier francilienne.

Un éclairage inédit

En dépit de ses quelques défauts techniques pour lesquels AREMEDIA sollicite l’indulgence du spectateur, cette interview de Willy Rozenbaum apporte en tous cas un éclairage inédit à la phase actuelle de la lutte contre le VIH dans notre pays.

Willy Rozenbaum y définit avec une grande clarté les rôles et missions – souvent obscurs pour beaucoup d’entre nous – du dispositif des COREVIH, une originalité culturelle et politique française, qui réunit en son sein des acteurs, institutionnels, médicaux, paramédicaux et associatifs impliqués dans la lutte contre le VIH dans un territoire donné pour adapter cette stratégie de lutte aux caractéristiques sociodémographiques et épidémiologiques spécifiques de ce territoire.

Démocratie en santé et stratégie nationale de promotion de la santé sexuelle

Le concept-clé, innovant, de « démocratie en santé » est explicité en termes clairs et concrets ainsi que la transition actuelle du Plan de lutte contre le VIH – véritable changement de paradigme qui replace le virus au sein des autres infections sexuellement transmissibles, dont les hépatites virales – à la nouvelle dynamique de la Stratégie Nationale de Promotion de la Santé Sexuelle, dans laquelle s’inscrivent désormais toutes nos actions de prévention et de promotion de la santé visant prioritairement les populations concernées.

Willy Rozenbaum nous provoque à dessein en nous disant qu’aujourd’hui nous n’avons plus besoin du vaccin tant espéré…

A condition toutefois d’être en capacité de mobiliser efficacement, et durablement, l’ensemble des ressources humaines de bonne volonté disponibles dans un territoire donné et surtout d’impliquer les populations concernées qui fourniront leurs propres réponses, de lutter socialement et politiquement, sans relâche, contre la discrimination et la stigmatisation qui constituent sûrement des freins majeurs à l’accès au dépistage et aux soins, lesquels doivent être à la fois, nécessairement et indissociablement, appréhendés simultanément sous leur double aspect, médical et social.

A condition de rendre le traitement accessible à toutes les personnes concernées.

Et ce, compte tenu du fait que les moyens scientifiques et médicaux aujourd’hui à notre disposition permettent désormais une prise en charge médicale efficiente, c’est-à-dire virologiquement efficace : ce qui devient le « traitement comme prévention » –  dit « TASP » – entraînant en quelques semaines la suppression de toute transmission du virus d’une personne à l’autre, et donc la rupture de la chaîne de contamination.

Ainsi, affirme Willy Rozenbaum : nous sommes dès à présent en mesure de contrôler l’épidémie.

Se fixer des objectifs ambitieux

Les objectifs ambitieux, et proches (2020/2030), fixés par ONUSIDA, pour parvenir à l’extinction de cette épidémie nous sont donc – théoriquement – accessibles.

A condition cependant de pallier sans tarder la criante insuffisance actuelle de notre dispositif de dépistage, toujours trop peu ciblé et donc peu productif, en dépit de tous nos efforts : prés de 6 millions de sérologies sont pourtant réalisées chaque année en France, en ville ou à l’hôpital, mais avec trop peu de rendement.

Sans compter, réalisés principalement dans le milieu associatif, les 56 000 Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TRODs), malheureusement insuffisamment pratiqués, sans doute faute de moyens. Et aussi les 75 000 autotests vendus depuis peu en pharmacie, ou distribués gratuitement à Paris, à l’initiative de Vers Paris Sans Sida.

C’est d’ailleurs du fait de cette actuelle insuffisance de notre dispositif de dépistage que l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France incite aujourd’hui ses partenaires intervenant sur le terrain (CeGIDDs, associations, etc.) à s’organiser activement à l’occasion de la « Semaine Régionale de Dépistage » qui aura lieu du 11 au 15 juin prochain.

Mission d’expertise en Fédération de Russie

Produit et réalisé par AREMEDIA, en amont d’une mission d’expertise en Fédération de Russie, effectuée en mars 2019 pour le compte du Ministère des Affaires Étrangères et de l’Europe, ce petit film était initialement destiné à constituer un outil de communication – qui s’est d’ailleurs révélé efficace – conçu pour nos partenaires russes (médecins, infirmiers, acteurs associatifs, responsables politiques) afin de les familiariser avec les modalités actuelles de la stratégie de lutte contre le VIH en France.

C’est pourquoi, dans la séquence d’introduction, Willy Rozenbaum prononce à leur intention quelques mots en russe.

Et ne manquez pas le post-générique.

Bon visionnage !

Marc SHELLY, president marc.shelly@aremedia.org

Vendredi 31 mai, AREMEDIA a rencontré Monsieur Jean-Luc Romero-Michel, Président-fondateur de « Elus Locaux contre le Sida », Ambassadeur d’une Ile-de-France sans SIDA, acteur politique impliqué de longue date dans la lutte contre le VIH...

AREMEDIA remercie pour son soutien au projet Russe Jean-Luc Romero, Ambassadeur d’Île-de-France sans Sida, président-fondateur d’Élus Locaux contre le Sida.
Interrogé par AREMEDIA, il répond ici au Pr Willy Rozenbaum

« Nous avons les moyens de vaincre le VIH dès à présent. C’est une question de volonté politique. »

Jean-Luc ROMERO-MICHEL