On sait que certaines souches (dites oncogènes) de papillomavirus (surtout HPV 16 et 18) sont à l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus (CCU), ce qui fait de celui-ci une Infection Sexuellement transmissible (IST). Le tabagisme précoce et de niveau élevé, ainsi que le multi-partenariat sexuel sont également des cofacteurs de risque du CCU.
Les Travailleur.euse.s du Sexe (TdS) cumulent ces facteurs de vulnérabilité vis-à-vis du CCU, tandis que, chez les femmes socialement insérées, celui-ci est habituellement dépisté par la pratique régulière du frottis cervico-utérin (FCU).
Or les TdS, souvent en situation de précarité, victimes de « barrières systémiques » (pour la plupart liées à la discrimination et la stigmatisation sociale, souvent intériorisées) demeurent éloignées de l’accès au dépistage de droit commun, tel que pratiqué dans les CPEF, par exemple (ou par un gynécologue en ville ou à l’hôpital).
Au-delà de 29 ans, la HAS recommande actuellement (depuis 2019) de dépister directement, en première intention, les HPV dits à Haut Risque (HPV HR), avant de pratiquer, si nécessaire, un FCU dit « réflexe ».
AREMEDIA propose aujourd’hui dans le cadre de son programme « Hôpital Hors Les Murs » un dépistage du HPV (par auto-prélèvement cervico-vaginal) combiné à celui des IST traditionnelles (par auto-prélèvements vaginaux, pharyngés et rectaux pour le gonocoque et les chlamydiae).
Il s’agit d’une initiative associative indépendante qui devrait concerner en 2023/2024 environ 350 femmes éligibles à ce dépistage, la plupart travailleuses du sexe, le plus souvent en situation de précarité. Il est attendu que près d’un tiers de femmes seront positives, devant alors être accompagnées vers un CPEF pour un FCU réflexe, voire une prise en charge avec colposcopie, suivie, le cas échéant, d’un traitement approprié des lésions précancéreuses éventuellement diagnostiquées.
Parallèlement, en Arménie, ce dépistage de l’HPV HR est intégré à l’offre globale de dépistage des IST – à bord de l’Unité Mobile Médicalisée offerte par le Conseil Régional d’Ile-de-France – dans le cadre du projet-pilote « Dans Les Rues d’Erevan » conduit depuis le printemps dernier en partenariat avec l’ONG arménienne « Right To Health », avec le soutien conjoint du le Conseil Régional d’Ile-de-France et de la Ville de Paris.
L’expérience d’ AREMEDIA, menée indépendamment dans le cadre de son programme « Hôpital Hors Les Murs » – avec le soutien de la Fondation Cognacq-Jay – permettra peut-être à terme l’introduction du dépistage de l’HPV dans l’offre actuelle de dépistage des IST traditionnelles des « centres de santé sexuelle » intra-muros.
L’association AREMEDIA se conforme ainsi aux très récentes recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (juillet 2023) . En effet, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, vient de souligner, lors de la 76e Assemblée Mondiale de la Santé, que l’élimination du cancer cervico-utérin doit être définie comme une priorité mondiale : outre la diffusion généralisée du vaccin anti-HPV, dès le plus jeune âge, et dans les deux sexes, tout pays, a-t-il rappelé, doit « atteindre d’ici à 2030 les objectifs « 90-70-90 » afin d’éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème mondial de santé publique « .
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